Le mot en V

Bonjour, merci de me recevoir comme ça dans votre journée, surtout après ce silence radio de quelques semaines. J’allais me rattraper en écrivant un beau texte poétique sur les motivations de début d’année. Ma première phrase était magnifique, regardez: “Parfois, les paroles s’envolent comme les outardes à l’automne.” J’aurais clos mon chapeau avec une de mes anecdotes de faits presque vécus:


Le 2 janvier 2021
Moi: On fait un mois sans alcool. J’aime pas les raisons pour lesquelles je bois.
Le chum: Et on va courir tous les deux jours! Je me sens gros.

Le 5 janvier 2021
Moi: J’ai décidé de m’émanciper des dogmes de pensées et des tendances imposées outrageusement par les réseaux sociaux. Santé!
Le chum: Moi, je m’aime comme je suis. Passe-moi le millefeuille.

 

Puis ce petit bout de papier plié géométriquement sur le comptoir: le chum m’offre un certificat-cadeau pour de la lingerie. Oups. Le mot en V me tombe dessus. 

La Saint-Valentin. 

Bon. Ce n’est pas exactement un mot en “V”, mais on s’inscrit dans l’actualité comme on peut. Retour au sujet. Moi, toute de mou vêtue depuis 12.... 20... trop de mois, (je n’avais pas vraiment) j’avais oublié. Voyez-vous, la Saint-Valentin, c’est bien… peu de choses pour moi. Tout d’abord, le chum - que vous savez déjà exceptionnel - et moi soulignons déjà notre anniversaire de couple en février et faisons le choix de budgéter notre bonheur, comprenez-vous. Puis, le 14 février, c’est aussi l’anniversaire de rencontre de mon père et de ma belle-mère, qu’ils soulignent pour la 28e fois cette année.

“Veinte y ocho”, dirait mon père, pour rappeler à tous qu’il apprend l’espagnol.

“XXVIII”, répondrais-je, pour rappeler à tous que j’ai fait du latin.

“Voyons donc! Ça fait vingt-neuf!”, dirait ma belle-mère. Oui, derrière chaque grand homme, il y a une femme qui dit: “Voyons donc!”.

Ils ont malgré tout surmonté leurs épreuves comme on traverse l’automne. Ils ont vu neiger et ont pelleté. Envers et contre tout depuis tant de printemps, ils donnent l’impression de vivre chaque jour ensemble comme si c’était le premier de l’été.

J’oublie la Saint-Valentin, mais je n’oublie pas le 14 février.

Je ne célèbre peut-être pas une journée, mais c’est parce qu’on m’a appris à célébrer de plein de petites façons ma personne préférée. Je pense que c’est ça le truc de la longévité d’une relation, amoureuse ou pas.

Dans cette ère ombrageuse, il est facile d’oublier ceux qui sont le plus proches de nous à force de penser à ceux qu’on ne voit plus que trop peu. C’est un peu comme chercher éperdument ses lunettes alors qu’on les a sur la tête.

N’oublions pas de faire attention à ceux qui nous entourent, pas comme une résolution qu’on prend, plutôt par bonne habitude qu’on adopte. Un petit morceau de lingerie le jour de la Saint-Valentin est une belle attention (merci mon chum!), mais entendre revenir les outardes au printemps aux côtés de ceux qu’on aime est beaucoup plus significatif.

Voyons donc? Ben oui.

Gardons le moral et n’oublions pas de nous aimer, aujourd’hui et tous les jours.


Au plaisir,

MSBe